lundi 27 mai 2013

De l'utilité de ne rien dire






Depuis mon dernier billet sur les manifestants de cette joyeuse troupe homophobe qu'est la Manif pour tous, plein de choses ce sont passés. Si comme moi, vous êtes accroc à Twitter et à l'actualité, vous ne vous y avez pas échappé.

Boutin pète désormais un câble par jour. Frigide Barjot, lors de la dernière manif en date, a préféré quitter le navire et laisser les commandes aux plus radicaux de ses amis (on notera le courage immense dont à fait preuve Mme Tellene depuis le début de cette histoire). Les partis de droite tente de récupérer le mouvement de toutes les façons possibles, Ségolène Royal a dit une bêtise. Bref, rien de nouveau par rapport à ce qui était prévu.

Quel est donc la meilleure façon d'agir, nous qui avons soutenu le droit pour les homosexuels de se marier et d'adopter ? On rentre dans le lard ? On essaie de les faire taire le plus possible ? On appelle, comme j'ai pu l'entendre, à faire interdire le Printemps Français et toutes les organisations identitaires et fascistes ?

Ne sous-estimons pas l'intelligence de ces groupuscules. Les interdire, ce serait leur donner le plus beau des cadeaux : les élever au rang de martyr, confirmer leurs allégations démentes d'une soi disante "dictature socialiste".

Tandis qu'ils vomissent leur haine et leur xénophobie, beaucoup fêteront dans les jours à venir leur mariage. Fêtons-les, faisons en sorte que cet été soit beau et joyeux. Et à tous ceux qui veulent cristalliser la violence et l'irrespect autour de cette question du mariage, faisons leur le pire affront qui peut leur être fait.

Ignorons-les.

L'homophobie, la lesbophobie, la transphobie, la biphobie,... font aujourd'hui des ravages. Des actes ignobles sont perpétrés, notamment par les membres de ces organisations. Mais ce n'est pas en dissolvant ces groupuscules, ou même en leur accordant la moindre attention en tant que groupe, que ces actes cesseront. Ne nous leurrons pas : s'il suffisait d'interdire le front national pour éradiquer le racisme, ça se saurait. Punissons les individus, cessons de les rendre irresponsables en les liant à des groupes, des systèmes.

Tellement de combats nous attendent : la reconnaissance civil des personnes trans, la fin des inégalités liés au sexe, l'ouverture du droit de vote aux étrangers... Ce radicalisme autour de la loi sur le mariage pour tous n'est qu'un moyen pour nous empêcher d'avancer sur toutes ces questions.

Avançons, restons en mouvement. Cette poignée de bourrins ne nous arrêterons pas. Ils se nourrissent de nos indignations en se réfugiant derrière le combat contre la "pensée unique". Ils grandissent en se victimisant quand on les empêche de parler, au nom d'une liberté d'expression qui a décidément bon dos ces derniers temps.

Il n'est pas question de s'interdire de renvoyer dans les cordes des propos homophobes, transphobes ou racistes, mais de cesser de rentrer dans le jeu des extrémistes qui jouent sur les peurs des uns et les indignations des autres.

Et à ceux qui m'accuseront de me contredire en écrivant un billet sur le fait de ne pas écrire contre les dégénérés identitaires et homophobes, je répondrai :

Euh...

Je me rends compte que mon propos peut être contradictoire. Mais je sais qu'il n'est plus question pour moi de nourrir les pauvres polémiques lancées par des Boutins, Frigide, Gabriac et autres bas du front. Je refuse que la vie de notre société se construise autour d'eux.

Ce modeste billet se veut donc être un moment de débat. N'hésitez pas à me contredire, à m'engueuler ou même à me jeter des pierres. Ici ou ailleurs !