mercredi 5 juin 2013

Salut, ça va ?

- Salut, ça va ?

- La vache, tu m'as fait peur !... T'es qui ?

- Ton blog.

- Mon blog ?

- Tu vas répéter tout ce que je dis ?

- Répéter tout ce que tu dis ?

- Bon laisse tomber, alors, ça va ?

- C'est quoi cette question ?

- Bah je sais pas. Tu n'écris jamais rien, et ton dernier post est plus incompréhensible que les efforts de Guaino pour se faire passer pour un homme politique.

- Ouais bah ça va.... L'inspiration, tout ça...

- T'as pas de livres dont tu voudrais parler ?

- Bof.

- De films que tu as kiffé ?

- Mouais...

- De jeux vidéos que tu as dosé ?

- Ca compte Farmville ?

- Bref, t'as rien à dire quoi.

- Beh non.

- Et tes machins vidéos que tu voulais faire, là... Vine que ça s'appelle. T'en es où ?

- Aujourd'hui, j'ai fait une vidéo de mon chien qui se roule dans l'herbe.

- ...

- ...

- Mais bon dieu, secoue toi un peu ! Tu voulais écrire, amuser les gens, partager tes opinions ! Et là, tu te retrouves aussi bavard qu'une flaque d'eau dans une ruelle sombre.

- C'est pas la meilleure métaphore que tu pouvais utiliser.

- Pas faux.

- Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? J'en ai écrit des trucs ! J'en ai plétore, mais ils sont pas publiés, c'est tout.

- Et pourquoi ça ?

- Parce qu'ils sont nuls.

- C'est une bonne raison.

- Et puis quoi, qu'est-ce que tu veux que je fasse ? Réagir à la moindre actualité, m'indigner dès qu'un connard ouvre la bouche contre le mariage homo ou contre les allocs familiales ? Que je publie des critiques de films et de livres que tout le monde à retourner, étudier dans tous les sens ? Et moi je suis quoi là-dedans, hein ? Juste un énième imbécile qui va donner un avis dont tout le monde se fout ?

- Et bah voilà.

- Quoi voilà ?

- Tu vois que tu as quelque chose à dire. Tu es énervé par le fait que tout le monde aujourd'hui peut donner son avis. Et que le tien a donc de moins en moins d'importance. Mais il va peut-être falloir t'habituer.

- A quoi ?

- A rester toi-même. Les gens ne vont pas se plier à ton avis parce que tu t'amuses à écrire des trucs qui te semblent rigolos. Ce que tu vas dire, ça aura peut-être été dit des dizaines de fois avant toi, mais qu'est-ce qu'on s'en fout ? Tu donnes ton avis, les gens le prennent, le jettent, l'ignorent, c'est leur droit. L'important, c'est que tu l'ais donné. Beaucoup se sentent grisés parce qu'ils écrivent, interpellent et donnent leur avis sur internet. Ils se croient "leader d'opinions" et pêtent plus haut que leurs culs. T'as envie de devenir comme ça ?

- Euh... non.

- Alors c'est simple : restons humains. Soyons conscient que nous ne faisons que participer humblement au grand débat mondial, à ce grand échange d'idées née de l'internet. Et puis tu connais le proverbe ?

- Gné ?

- Avant d'être fort comme un chêne...

- ...il faut être con comme un gland.

- Voilà.

- Du coup je te supprime pas ?

- Et bien non !

- T'as bien joué ton coup, quand même.

- ^^

(Ce dialogue imaginaire et foutraque est inspiré par les notes de blog de l'éminent Une Heure de peine. Allez-y voir, c'est beaucoup plus savant et intéressant que chez moi : http://uneheuredepeine.blogspot.fr/search/label/sociologie%20de%20l%27humour)